Martin, alternant chez Sanofi depuis 2022, nous partage son expérience au sein de l'entreprise. L'entretien a duré environ 20 minutes, abordant divers sujets tels que les valeurs de l'entreprise, l'équilibre vie professionnelle/personnelle et son évolution personnelle au sein de différents sites. Martin quitte Sanofi l'année qui arrive, pour des raisons qu'il évoque en partie lors de cet entretien.
Amélie : Concernant la culture et les valeurs de l’entreprise, quelles sont celles portées par Sanofi, que ce soit d’ordre humain, du travail ou autre ?
Martin : C’est dur de répondre sachant que Sanofi est une entreprise de plus de 5000 personnes, mais il y a une stratégie appelée le « One Sanofi », qui consiste à dire que tout le monde est uni et que tout le monde travaille pour la même cause, d’un même bloc. Donc je dirais l’unicité. Il y a aussi une grande culture pour promouvoir les mouvements LGBTQIA+.
Amélie : Et tu le sens dans ton quotidien ?
Martin : On va y venir, parce que ce sont les valeurs de façade, globales, que je viens de décrire, mais après chaque manager introduit dans son équipe les valeurs qu’il souhaite. Et ça, c’est très différent d’un site à un autre.
Amélie : Et tu as eu l’impression que ça a influencé beaucoup ton travail au quotidien ? Tu as fait deux sites différents, est-ce que tu as senti que les mentalités différentes des managers se reflétaient sur le travail de l’équipe ?
Martin : Quand j’étais sur le site de Val de Reuil, sur l’année 2022-2023, en tant qu’alternant, j’avais la sensation qu’il fallait que j’essaie mais que si je n’y arrivais pas, ce n’était pas très grave. Alors que cette année, je suis plus expérimenté aussi, mais la nécessité d’avoir un résultat au bout est beaucoup plus importante, et ça a une place plus forte dans les échanges avec mon manager.
Amélie : D’accord, d’autre part, même si tu es jeune, est-ce que tu trouves que l’entreprise promeut l’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle ? Quelle est ta vision du travail actuelle et comment est-elle vouée à évoluer, dans ce contexte ?
Martin : Alors, il y a deux manières de voir la chose : sur le papier, effectivement, Sanofi veut vraiment marquer une distinction et laisser aux employés avoir une vie personnelle en dehors du travail et que ces deux mondes soient bien dissociés. Dans les faits et le milieu dans lequel je travaille, c’est-à-dire un site de production qui fonctionne 24/24, c’est faux. On a des personnes qui ont deux téléphones, un perso et un travail, mais finalement, ces personnes sont tout le temps en contact avec le travail. Elles reçoivent des appels en pleine nuit, en dehors du cadre d’astreinte, qui est particulier et dans le contrat de travail. À partir d’un certain niveau de responsabilités, il est difficile de déconnecter réellement. Sur des postes comme ceux que nous, jeunes ingénieurs sortants de TSP, allons occuper, on doit toujours être joignable.
Amélie : Comment trouves-tu que les conflits internes sont gérés à Sanofi ?
Martin : Il n’y a pas vraiment eu de conflits. C’est toujours la responsabilité du manager. C’est généralement mis sous le tapis, on n’en parle pas. Pourtant, je suis dans une équipe assez… spéciale quand même. Les sujets ne sont pas vraiment traités, les choses sont souvent dites dans le dos de chaque personne. Aujourd’hui on observe plus du « management transversal », c’est-à-dire qu’il n’y a plus vraiment de chef, même s’il y a une autorité plus ou moins naturelle. Chaque personne a un cadre de responsabilité et s’autogère. C’est ce que je voyais à Val de Reuil. À Vitry, il y a toujours cette hiérarchie où « quand le chef a dit, le chef a dit ». Mais, comme je suis, comme je l’ai dit, dans une équipe un peu spéciale où les mentalités sont assez anciennes, ça ne pose pas trop de soucis.
Amélie : Par contre, toi, tu ne te vois pas évoluer dans un cadre comme celui-ci plus tard ?
Martin : Non, et c’est d’ailleurs pour ça que je quitte l’entreprise.
Amélie : Et au niveau de la circulation des informations, est-ce que tu as remarqué un moyen privilégié : oral ou écrit, qui y participe et à quelle fréquence ?
Martin : Alors, à Val de Reuil, beaucoup d’informations, qu’elles soient formelles ou informelles, passaient de manière informelle. C’est-à-dire qu’on passait 45 minutes au café pour avoir une discussion qui pouvait paraître non structurée, mais qui permettait à tout le monde de s’exprimer car le manager n’avait pas une place plus importante que les autres. Le milieu d’échange était assez libre et agréable. Le manager partageait simplement des informations qui venaient de sa hiérarchie. Il y avait un peu ça à Vitry, mais c’était beaucoup moins normé, car la cohésion d’équipe était beaucoup moins forte, moins de personnes venaient au café. Les informations passaient beaucoup plus au goutte-à-goutte, ou ça se balançait un peu comme ça dans les couloirs…
Amélie : Ça marche, je passe à la prochaine partie qui concerne la durabilité, la RSE : pour toi, quels sont les principaux défis environnementaux rencontrés à Sanofi ? Comment y faites-vous face ?
Martin : À Sanofi, on fait du vaccin, du médicament, et il y a une grosse partie informatique dans laquelle on peut aussi parler environnement. J’ai eu l’occasion de faire un travail de recherche à ce propos. C’était sur un site en particulier. Ça avait plu, mais le problème, c’est que Sanofi a beaucoup d’argent et ce n’est pas encore dans les mœurs : quand un PC ne fonctionne pas, on n’essaie pas de le réparer, mais on le change. Cela dit, c’est une philosophie qui a ses raisons, car dans le monde industriel et du vaccin, il faut que tout fonctionne 24h/24. Des efforts sont cependant faits. Même sur le papier, Sanofi a tout à y perdre à passer pour une entreprise consommatrice. Mais c’est compliqué à mettre en place à cause des activités menées.
Amélie : D’accord, et au niveau RSE, quelles sont les actions entreprises ?
Martin : Le côté RSE de Sanofi, c’est qu’ils paient extrêmement bien. Des personnes ayant des conditions de travail assez complexes peuvent être payées comme des techniciens ou pas très loin d’un ingénieur. Sanofi est une entreprise énorme avec beaucoup d’avantages.
Amélie : On va passer à la dernière partie qui concerne les questions sur ton expérience personnelle. Quelle expérience penses-tu avoir développée à Sanofi ? Que ce soit à Val de Reuil ou Paris ?
Martin : Plus de rigueur, je suis plus à l’aise à l’oral. C’est une compétence que j’ai dû développer en présentant des projets au comité de direction. Par contre, pas de technique en informatique, c’est aussi pour ça que je pars. J’ai développé beaucoup de soft skills, mais pas de hard skills. Aussi, mon premier chef à Val de Reuil était un peu mon mentor, j’ai copié beaucoup de sa façon d’être en prenant exemple. À Vitry, beaucoup moins, où je me suis construit tout seul. Ici, je me suis plus construit en opposition.
Amélie : Quels sont tes projets d’avenir au niveau professionnel ?
Martin : J’hésite entre deux ou trois choses. Déjà, je change d’entreprise pour une où je vais faire plus de missions axées technique, car c’est quelque chose que j’aime faire. La gestion d’équipe est aussi quelque chose qui me plaît beaucoup, de la manière dont je la conceptualise aujourd’hui. Le fait de construire quelque chose avec des gens, leur faciliter le travail, leur donner des clés pour s’épanouir, etc. Ce n’est pas commander, mais réfléchir pour trouver des solutions.
Amélie : Et en opposition, quels conseils donnerais-tu à une personne qui commence à travailler en entreprise ?
Martin : C’est bête, mais ce serait de voir plein de choses, d’expérimenter, de ne pas avoir honte de demander et de ne pas se limiter à ce qu’on nous demande. Ne pas avoir peur de changer aussi, si ça ne plaît pas, ce n’est pas forcément de votre faute, c’est peut-être juste l’entreprise qui n’est pas faite pour vous.
Nous avons terminé l'entretien après environ 25 minutes d'échange. Martin a partagé de nombreux aspects de son expérience chez Sanofi, offrant une vision intéressante sur la culture d'entreprise et ses réalités quotidiennes.