Amélie : OK, on va te poser des questions un peu plus personnelles. Quelles compétences as-tu développées en venant ici ?
Alexandre : Je pense que j’ai développé des compétences sur l’industrie. De base je suis issu du technique. L’électricité, la clim … je connais bien. Par contre, les grosses puissances, ventilations, les choses vraiment industrielles je ne connaissais pas. Et ... j’essaie... de développer l’anglais. *rires* Mais c’est compliqué car c’est très ponctuel.
Amélie : Et tu as l’impression de progresser tous les jours en anglais ou tu as besoin de prendre des cours à côté ?
Alexandre : Je dois prendre des cours sinon je ne parle pas assez ... entre 4-5 visites et 3-4 audits en anglais par an ...
Amélie : Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à une personne qui débute pour la première fois en entreprise ?
Alexandre : Il faut être discret, très discret. Ton image se forme par ce que tu représentes. Donc si tu parles trop, si tu es trop sûr de toi, même s’il faut l’être un peu. Il faut être silencieux et écouter beaucoup. Quand je suis arrivé, je ne connaissais rien. Même si aujourd’hui je suis « au-dessus » d’un technicien basique, j’ai beaucoup écouté, parce que c’est eux qui connaissent le terrain.
Amélie : D’accord. Est-ce que tu as une expérience personnelle ici qui t’a marqué et que tu voudrais partager ?
Alexandre : Ici ? Oui quand même. Un jour, on a fait une « intégration », c’est-à-dire qu’on a rajouté un équipement. Et c’est de là d’où je veux en venir quand je dis que être soudés est important : l’opération a commencé à 3h du matin et elle a fini le lendemain vers 11h. Et personne n’a quitté. Alors c’est pas bien, parce que c’est dangereux, mais aujourd’hui il y a quand même des gens qui sont restés fonctionnels du début à la fin, ils n’ont pas flanché. Ils ont commandé à manger, ont mangé à l’arrache. Ça, c’est une expérience de vie. Tu reconnais les vrais pros là. Quand il y a une galère, ils sont présents.
Eric : Si un jour un technicien se blesse grièvement au point de le rendre invalide, comment ça se passe ? On le licencie ?
Alexandre : Alors, ça ne m’est jamais arrivé, mais je vois mal la RH ou le DG licencier comme ça. Je pense que c’est plus dans la mentalité de l’entreprise de l’aider à trouver un boulot à côté.
Eric : Après j’avais une question, si c’est des problèmes persos. Il n’y arrive pas, il arrive, il est tout fatigué ... vous faites quoi ?
Alexandre : Ça ça dépend vraiment du type de manager. Moi je suis plutôt souple, j’essaie d’être le plus humain possible. Pourtant, on peut mettre des pénalités tous les jours, quelqu’un arrive en retard, on peut mettre une pénalité ... mais c’est pas le but !
Amélie : Et imaginons c’est quelqu’un de ton équipe, à quel point est-ce que tu fais passer l’humain d’abord ? Comment est-ce que tu mets des barrières ? Parce que c’est quand même important de se protéger dans ces cas-là et rester professionnel.
Alexandre : Honnêtement, j’essaierai de l’aider au maximum, en lui donnant du télétravail et du temps pour lui. Après si ça déborde trop sur la partie pro, je vais être obligé de contacter la RH, parce que c’est mon rôle. Au bout de une semaine, une semaine et demie, il faut prendre des mesures.
Amélie : Et admettons que ça t’arrive à toi ? Comment tu traites le problème ?
Alexandre : Si c’est moi ? Je pense que j’en parlerai à des gens de confiance. Je pense que je ne pourrai pas en parler à tout le monde...
Amélie : Oui, c’est clair.
Alexandre : Il faut en parler au manager, car eux sont obligés de faire remonter.
Amélie : Bon, je pense que j’ai fait le tour personnellement. Merci beaucoup !
Alexandre : Pas de soucis.